Un roman. Un avant. Un après. Que se passe t-il avant de lire les premières pages ? Et après les derniers mots, en refermant le livre ? C’est ce que je vous propose de découvrir ici avec ma lecture du récit d’expédition de l’aventurière Sarah Marquis paru en 2015 chez Michel Lafon.
Avant
Impatiente de retrouver Sarah. Celle du passé, en 2006. Mais je suis sûre que c’est la même qu’aujourd’hui. Moins expérimentée peut être. Mais sûrement toute aussi sereine et préparée pour le voyage. Du Chili au Machu Picchu cette fois. Tout cela devrait bien réveiller en moi quelques souvenirs… Sarah, au fond, c’est un peu ma bonne copine. Celle qui me comprend. Celle qui ressent. Celle qui marche seule. Une amie. Ou une soeur.
Après
Sarah a traversé la Cordillère des Andes durant huit mois à pied. Sarah, ce n’est pas mon amie, c’est moi. Chaque phrase m’a emmenée un peu plus dans ces déserts d’altitude, dans ces montagnes intouchables et blanchies de froid. J’ai senti mon corps grelotter la nuit, les courbatures qui vont et viennent miraculeusement, le sac trop lourd et mes épaules douloureuses, les choix engagés et les dangers à contourner, les difficultés ajoutées par le fait d’être femme. J’ai aimé cette pudeur dans certains vides temporels de l’histoire, de l’expédition. On oublie souvent le pire. Ou on le garde pour soi. Et ces sourires, cet humour lors des retrouvailles avec nos congénères ou tout simplement quand, à un bivouac, l’inattendu se produit. La beauté de ces rituels du camp aussi. Un air de déjà vu. Sarah, c’est moi. Il n’y a qu’en la lisant que je ressens cela. Personne n’avait mis de mots sur ces pensées, ces comportements étranges qui m’habitent en voyage au long cours en solitaire. Se cacher des humains. Les épier même. N’être vivante qu’en pleine nature, loin de tout. La sauvage. Cracra. Invincible. Invisible. Rêveuse. Qui juste avance. A son rythme. Et quand tout s’arrête, prend un carnet, écrit et attend le prochain départ. Merci.