Je ne sais jamais vraiment ce qui m’attend quand je me réveille le jour d’une course. Et cette fois-ci encore, une fois le contrôle des sacs passés, je me retrouve dans cette grande salle remplie de valeureux gaillards et je sens la tension monter dans mes tripes. Nous sommes au beau milieu de la nuit. Le briefing vient de se terminer. L’orage est annoncé pour la fin de matinée. Pour la première fois, j’ai peur. Il est 4 heures, il faut y aller.
J’aime courir dans la nuit noire à la seule lumière de ma frontale. Il ne fait pas froid. Ca monte directement dans la forêt. En file indienne, cela va durer pendant plus de deux heures. Plus de 1000 mètres de dénivelé positif en à peine 10 kilomètres. Il se met très vite à pleuvoir, il fait très sombre. J’observe les gros nuages noirs à travers les arbres qui ne permettent pas de voir le jour se lever. Je me prépare à l’idée que cela va peut être durer toute la journée. Un peu déçue. Mais c’est une éventualité. Et on ne peut pas lutter contre la Nature.
Quelquefois dans la montée, il y a des changements de rythme. Je stoppe net derrière mon prédécesseur. Celui derrière moi aussi et j’entends « tiens j’ai failli me faire un kung-fu panda ! ». Oui Rico est dans le filet de mon sac à dos et il observe attentivement mes poursuivants. Ca détend un peu. Premiers sourires du jour.
Il pleut fort. Tout le monde a fini par enfiler la veste imperméable. Le brouillard donne un air très étrange au sentier. Avec le phare de ma frontale, un gros amas de fines gouttelettes se retrouve sous mes yeux droit devant moi, difficile de voir au loin.
Et voilà la première descente. Mon genou me lance des premiers signes d’alerte. Depuis trois semaines maintenant, il me titille et me perturbe. Je redoutais la douleur, elle arrive déjà doucement mais sûrement. Je suis très inquiète. Et cette humidité ne va rien arranger…
En remontant, la douleur s’estompe. Je me sens beaucoup mieux malgré un état de fatigue général (c’est ça de se lever à 2 heures du matin pour aller faire la folle dans la montagne la nuit !). Mais rapidement, ça redescend… J’approche du 1er ravito du côté de la piste bleue et la Croix Fry. Je recharge en eau et mange un abricot sec. Quel petit déj’ ! En fait, à ce moment là, j’ai peur. Je souffre. Et ça ne me dit rien qui vaille.
Heureusement le soleil arrive. Les paysages sont verdoyants, les cloches des vaches me redonnent l’envie. La petite route qui descend en lacets est praticable pour moi. La pente est relativement faible, j’arrive à courir sans forcer. Et je me protège au maximum. Je suis dans un petit groupe qui a un rythme qui me correspond. Je les double en montée malgré que je sois la seule sans bâtons. Je suis un ovni sur cette course avec mes mains libres.
Mais d’un coup, c’est l’effondrement. Je perds pied. La descente vers Gutary est longue, boueuse, glissante, pentue. Je ne peux plus avancer. J’ai trop mal. Je vois tout le monde repasser devant moi en galopant. Je les envie. J’aimerais tellement courir, j’adore les dégringolades ! J’arrive à peine à descendre en marchant, je ne sais pas comment faire. Pitié je veux que ça remonte. Vite ! Je ne veux que des montées !
A ce moment précis, je comprends que les choses ne se passeront pas comme je l’aurais souhaité. Il va falloir réfléchir et prendre une décision. Et vite. Arrêter ici ? Oui mais pour aller où ? J’ai déjà fait 20 kilomètres. Je veux tellement monter au Charvin. Voir la neige. Je décide de continuer et de tenter de passer la première barrière horaire au 26e pour monter là-haut. Personne ne m’arrêtera. Pas même mon genou. Si quelque chose doit m’empêcher d’avancer, ce sera la BH et c’est tout.
J’arrive enfin en bas (altitude 978m) et remonte pour 800 m de D+ sur 5 km environ. Un mur interminable. Comme j’aime. C’est glissant, il faut souvent que je mette les mains ou que je me tienne aux branchages. Je donne le rythme. Un gars originaire d’Ile de France me suit de près, les autres décrochent. Je ne réfléchis pas, j’avance, je regarde ma montre. Je ne sais pas encore que la barrière horaire était en fait en bas et que nous l’avons déjà passée. Mon poursuivant non plus. Du coup, on avance vite ! Aux deux tiers de la difficulté, je finis par faire un stop et je regarde ma carte du profil. Gutary, c’était en bas et j’avais au moins 30 minutes d’avance. Voilà ça c’est fait. Quoiqu’il arrive si je continue, j’irai jusqu’au Km 44 et sa 2e barrière horaire.
Le 2e ravito est là (Km 31) dans un cadre grandiose. J’arrive juste avant la pluie. La tente est petite. Il n’y a plus d’eau. Quelques bananes et c’est tout. De toute façon, je suis soucieuse et je n’ai pas faim. Il me reste un peu d’eau, je tiendrais jusqu’au prochain point d’eau dans 8 km. Je ne veux pas rester trop longtemps ici car certains abandonnent et cela pourrait me donner des idées…
Une fois la veste enfilée de nouveau, je pars affronter la pluie et la plus importante difficulté du parcours. Une descente très technique avec installation de cordes pour ne pas risquer de s’écraser en contrebas. Il pleut, tout est terriblement glissant, je ne sais pas comment faire, mon genou me fait peur, je ne réagis pas comme d’habitude, je me sens plus fébrile. Je laisse les autres passer. Je me dis que j’ai peut être fait une erreur de continuer dans ces conditions. Quel intérêt ?! Alors je repense à ma cheville foulée sur le Radicassant il y a deux mois, je repense à ces ampoules sur le Chemin de Compostelle le mois dernier et je me dis que j’ai réussi. Malgré la douleur, malgré les moments d’abattement, j’ai réussi. Seule. Alors je vais me battre. Seule.
Un torrent dévale le monde minéral qui m’entoure. Les premières neiges sont là autour de moi. J’essaie de traverser le petit bras d’eau sur les pierres et m’aperçois vite que c’est risqué pour moi sans bâtons. Allez hop, autant mettre les pieds dans l’eau glacée. Et puis ça m’entraînera pour les fjords !
Tiens un drapeau normand ! L’homme devant moi porte le drapeau rouge aux deux léopards sur son sac. Je suis contente de retrouver un petit bout de chez moi ici dans la montée vers le Charvin. Nous bavardons de notre joli pays et de nos collines et falaises de Seine Maritime et d’Eure. Tout à coup, deux gros coups de tonnerre. Il est 11 heures. Ca y est, c’est parti ! Je n’aime pas trop ça. Mes parents m’ont toujours mise en garde contre les orages de montagne quand j’étais enfant. Et je n’ai pas très envie de trainer là dessous.. Un hélicoptère passe au-dessus. La course va-t-elle être neutralisée ? Merde il ne manquait plus que ça…
L’ambiance est mystique là-haut. Le changement de décor est radical. Il pleut un peu mais c’est surtout le vent frais qui domine. La neige se rapproche, elle est juste au-dessus du sentier que nous empruntons à présent. Je redoute un peu la suite et me dis que les bâtons ça peut être utile finalement ! Ca y est, je marche dans la neige maintenant. La trace est bonne. Il n’y a pas de gros danger. Je fais tout de même attention car un moment de relâchement et je dévalerais très bas… Je n’ai pas le temps de faire de la luge. Encore moins en short et avec une jambe de bois !
La brume s’engouffre de plus en plus. Et même si nous n’allons pas jusqu’au sommet vu les conditions de neige, ça grimpe encore pour passer de l’autre côté. La pente est si raide que je mets les mains pour ne pas tomber et glisser. Je glisse quand même. J’adore ! Même si c’est périlleux et exigeant. Les équipes de signaleurs sont sur le qui vive et nous scannent le dossard en demandant si ça va. Oui ça va. Je ne le sais pas encore à ce moment là, mais la course a été stoppée pour ceux derrière moi au ravito. L’orage les a obligé à dévier le tracé et prendre le parcours de repli pour ne pas monter au Charvin.
A cet instant, il y a encore le normand et un autre coureur dans mon champ de vision. Je ne les reverrai plus. Car c’est reparti pour la descente. Mon calvaire va vraiment commencer. J’étudie ma carte et ma montre. Je suis à près de 2100 m d’altitude et je dois descendre à 1264 m en 7-8 km… Mon Dieu je vais vivre un vrai chemin de croix. Au début, c’est très raide, glissant, très boueux et rocheux. Les pierres sont lisses. La totale quoi ! Je me retrouve seule. Ce n’est pas plus mal, je peux me plaindre à haute voix ! Evidemment je tombe. Un vrai bain de boue. Plus de peur que de mal. J’ai juste quelques hématomes et égratignures sur les mains, les fesses et les cuisses. Rien de méchant, ça picote un peu. L’eau ruisselle en abondance, j’en profite pour me laver un peu tant je suis couverte de boue. Même sur mes flasques d’eau. Voilà. La chute c’est fait. J’en rigole toute seule quand je repense à mon déhanché au ralenti et ma pirouette de haute voltige !
A présent je suis complètement seule. Et j’aime ça. Etre seule face à moi même. Face à ma douleur mais aussi avec mon plaisir. Je sais que ce je vis, je le garderai au fond de moi précieusement. Ce sont des moments rares où on ne fait pas semblant, on ne se ment pas, on apprend beaucoup sur soi même. Le soleil est de retour et plus l’altitude diminue, plus je retrouve les fleurs des prairies, les herbes hautes, les cloches des vaches qui raisonnent encore et encore. Quelques randonneurs aussi. Je finis par rejoindre une petite piste moins pentue qui me permet de galoper. J’ai trouvé un stratagème : courir en pas chassé. Pour le style de foulée, on repassera mais on fait comme on peut et ça avance !
Et voici enfin le point d’eau des Fontanettes (Km 38). Je me change (veste contre casquette et lunettes de soleil), je discute un peu, je plaisante aussi car on me charrie avec ma boue (moi boueuse ? Non !). Je me sens bien et on me dit que je suis confortable au niveau de la barrière horaire. Je remercie les organisateurs d’avoir prévu des barrières acceptables et de me permettre de continuer mon calvaire !
Je repars en courant dans les grands lacets. Je me sens un peu comme Heidi dans la montagne. Seule au monde dans ce petit paradis. J’ai d’ailleurs failli rater la bifurcation perdue dans mes pensées, mais le fermier a l’oeil et m’appelle tout de suite. N’allez pas vous rallonger ! Et ça va sinon ?! Oui monsieur, ça va pas mal du tout ! Ca redescend encore. Tiens un champ de boue. Pénible, pas stable. Ca va les copines ? Je parle aux vaches, voilà à quoi j’en suis réduite ! Je m’enlise jusqu’aux chevilles, ça fait comme de la glaise et ça pue, c’est une catastrophe. De toute façon, ce trail c’est Fort Boyard. Félindra tête de tigre. Je ris toute seule, c’est très bon signe !
Nouvelle descente en sous bois. Horrible comme d’habitude. Je fais du sur place. Moi et mon genou, on s’éclate aujourd’hui ! Et oui ma fille, tu souffres et le pire c’est que tu as payé pour ça ! Un grand merci à mes amis les branches et les troncs d’arbres qui me servent de béquilles dans ce champ miné de boue, de pierres et de racines. Je parle toute seule. A chaque fois que je découvre un signaleur caché dans un virage, je me dis qu’il doit me croire complètement cinglée ! Je parle à mon genou, à Rico mon panda, aux fleurs, aux arbres, aux animaux, aux gens que j’aime et qui sont là virtuellement avec moi.
Le pire dans tout ça, c’est que mes jambes vont incroyablement bien. Je me sens solide, je tiens plutôt bien le choc des ascensions répétées. Mes cuisses et mollets encaissent le fort dénivelé sans broncher. C’est tellement frustrant de devoir ralentir dans les descentes et de ne pas pouvoir lâcher la machine ! Quel genou de merde ! Si seulement je pouvais en changer, le dévisser et en changer.
Passage en contrebas d’un petit pont. Au ralenti. Il ne manquerait plus que je tombe pour m’achever. J’atteins un peu plus haut le 3e ravito avec plus de 45 minutes d’avance sur la barrière horaire. Mission accomplie. Tous les bénévoles me font une ola en me voyant arriver. Je leur raconte mes misères. On me demande si j’ai été détourné, je ne comprends pas de quoi ils me parlent. Je déguste un petit sirop de menthe servi dans un beau pichet Ricard qui a beaucoup fait parler apparemment. Un petit peu de jambon, quelques tucs salés et du chocolat. Huummm du chocolat… Je parle en observant le panneau d’un œil. « Vous avez parcouru 44 km. Il vous en reste 23 ». Tout est dit. Et bonne nouvelle, ça va monter ! Je ne voudrais que du D+ s’il vous plaît !! Je redoute tellement l’après… Mais n’y pensons pas tout de suite.
Il fait chaud, je marche d’un bon pas, je plaisante, je simule un combat de boxe avec mon genou, je lis et je réponds aux messages par téléphone, je prends des photos. Le temps passe. Je monte. Au sommet, la piste continue et se dessine sous mes yeux. C’est magique. Je reprends ma technique testée et éprouvée du pas chassé. Une ferme au loin. Rien ni personne à l’horizon. Ni devant. Ni derrière. Je suis définitivement seule et abandonnée. La pente est acceptable, je cours.
Deux signaleurs. Stop ! Changement de rythme. C’est ici que ça se passe ! Voici un magnifique mur vert qui monte à la montagne de Sulens. Environ 300 m D+ sur 1,5 km. Voici une très belle montée sèche très éprouvante avec déjà près de 50 bornes dans les jambes. Mais la vue est grandiose. Au sommet en revanche, la brume est de retour, les nuages chatouillent la crête. La végétation est très jolie. Je passe une croix. Petit verre d’eau au sommet et gambade sur la crête.
Il est tant de se concentrer à présent. Il va maintenant falloir descendre 1000 mètres pour repasser à une altitude de 838 m au prochain ravito / barrière horaire. C’est la dernière, il est hors de question que je n’arrive pas à temps. Je n’ai quand même pas fait tout ça pour arrêter !
Tant redoutée, la descente ultime est horrible au début. C’est tout ce que j’aime, une pente herbeuse, sèche où j’adore voler habituellement. Qui aujourd’hui se transforme en défi. Je m’arrête sans cesse. Dépitée. Les bénévoles que je croise m’encouragent. Ils sont tous tellement adorables et motivants. Quelquefois, ça fait des petits replats, ça va mieux, à d’autres moments c’est l’agonie totale. La forêt est de retour avec sa bouillasse. J’en ai clairement ras le bol. Passe Partout libère moi de cet enfer !!! Un micro résonne en contrebas. Est-ce une fête de village ? Est-ce pour la course ?
Il y a une fille qui randonne devant moi. Complètement absente. Ailleurs. Dans sa bulle. Je lui demande pardon pour passer, elle ne répond pas, ne bouge pas. Je finis par passer dans les herbes folles. Toujours aucune réaction… Je rate une rubalise, je comprends vite en voyant la petite route en dessous mais je ne rebrousse pas chemin, je la récupère en virage en épingle, ça me permet d’avoir une pente moins abrupte et tant pis pour les 300 mètres en plus. Je revois la fille qui randonne et qui parle à un signaleur. Elle a un dossard en fait ! La pauvre, elle est dans un tel état de fatigue…
Et vous savez quoi ? Encore de la boue. Et pas de branches. Je fais comment moi hein pour descendre ?! J’en ai marre d’avoir les mains dans la terre ! Et si je me laissais tomber dans le ravin ? Je descendrais peut être plus vite au ravito ! J’ai une capacité à visualiser les scènes les plus incroyables dans ma tête. Mon imagination sans limites me permet de ne pas m’ennuyer du tout !
Et voici le col du Marais (Km 55). Des chalets, des gens qui applaudissent, encouragent. Un speaker, ça rebooste ! J’ai comme l’impression d’être une petite star, genre le maillot à pois du Tour de France ah ah ! Et toujours 45 min d’avance sur la barrière horaire. La pause s’impose au ravito. Tout le monde est gentil avec moi, je les adore !
Quand je remonte vers l’un des derniers petits coups de cul de la journée (200 D+), j’entends la musique et je m’effondre. J’adore cette chanson. Et je viens de comprendre que ça y est. Maintenant je le sais, je vais aller au bout. Personne ne m’arrêtera et mon genou, je vais le fumer !!!
J’ai étudié le profil restant au ravito, je surveille l’altitude sur ma montre pour gérer mon effort et comprendre ma progression. En redescendant (dans la boue bien sûr, what else !), j’entends un arbre craquer et je le vois bouger… Et vas y que l’imagination revient au galop, vais-je me faire écraser par une chute d’arbre, va-t-on me retrouver ? Ca ne s’arrange pas…
Dernier pointage du dossard. Je suis contente. Je sais que ma famille suit ma progression grâce à ce système de positionnement et de suivi des coureurs. Je sais qu’il vont être contents de voir que j’approche du Km 60. Mon téléphone n’a plus de batterie.
Dernières discussions avec les bénévoles au dernier point d’eau au départ Cret de l’Ailly (Km 60). Encore un peu de D+. Allez 2 heures maxi avant d’arriver. Ca monte, ça descend. Ca descend encore sévère, bordel ! Ils veulent me tuer ou quoi ?! J’arrive dans un village, je galope sur la route, je me sens pousser des ailes, j’oublie tout. Et là. Devant moi. Deux coureurs en ligne de mire. Mais je suis en train de rêver ou quoi ?! Cela fait 6 heures que je cours seule ! Je les rejoins, leur raconte mon isolement. Ils souffrent et l’un d’eux me lance un « allez vas y, fonce, fais toi plaisir ! ».
Il reste 5 petits kilomètres. Je me fais offrir une fleur des champs par un homme qui me barre la route. Je la porterai à l’oreille jusqu’à la fin. Ils sont deux hommes et une femme attablés sur le chemin et nous proposent un petit verre de vin. Heuuu non merci, là en fait, je ne peux vraiment pas ! Trop risqué ! Mais on rigole bien du coup ! Bon allez, moi j’y vais, je rentre à la maison !
Un bénévole me lance « Trois kilomètres ! Allez on va au bout ! ». Bah évidemment mon brave monsieur que je vais aller au bout ! Et puis quoi encore ?!! Je longe le ruisseau et je croise des familles. Je me sens toute jolie, toute cracra ah ah ! Je cours bien, j’ai le sourire qui ne me quitte plus là ! Je sors Rico de mon sac et cours avec lui dans ma main. Quelle aventure on a vécu encore ensemble !!
Retour à Thônes. Une trentaine de personnes font un sacré boucan au loin. Je passe à leur hauteur et ils me réservent la plus belle ola du monde. Je passe au milieu en donnant le signal ! Quel bonheur ! J’ai retrouvé mon petit nuage, je vois l’arche, je pourrais même sprinter tellement je suis heureuse !
Il y a un couple devant moi. La fille se retourne et se remet à courir en me voyant. Ah ah, ne t’inquiète pas ma chérie, je te laisse la place ! Je voulais juste finir et j’ai réussi. Je cherche Romain des yeux, il doit être arrivé depuis plus d’une heure vu mon rythme d’enfer aujourd’hui… Je passe la ligne et j’entends Emilie !!! Ah mais non ce n’est pas possible ! C’était lui juste devant avec la fille ! Ah si j’avais su… il n’y a pas que mon genou que j’aurais fumé ah ah !!!
Voilà donc une sacrée aventure dans la montagne qui se termine pour moi. Je n’aurais pas espéré mieux que de courir seule pendant des heures entières. Des sensations tellement particulières au cœur de ce massif des Aravis. Un moment privilégié sous l’orage, le soleil et dans la neige. J’ai souffert oui. Vraiment. Mais j’ai aussi eu des phases de plaisir intense. Alors certains diront que ce n’est pas raisonnable de faire ça. Mais moi je continue de croire que dans la vie, on n’a rien sans rien…
Craft Aravis Trail – 67 km 4500 mD+
25 juin 2016
1 Comment
Magnifique récit tellement vivant