Un roman. Un avant. Un après. Que se passe t-il avant de lire les premières pages ? Et après les derniers mots, en refermant le livre ? C’est ce que je vous propose de découvrir ici avec ma lecture du roman de l’américaine Otessa Moshfegh paru en 2019 chez Fayard.
Avant
Ce titre m’a tout de suite captivée. A travers lui, je vois mon année passée. Une sorte de pause. Ralentir. Une parenthèse que j’avais souvent désirée. Une année moins remplie. Une année différente, imprévisible, mais douce, lente, et étrangement attendue. Avec beaucoup d’immobilité et de chez-moi. Ce dont j’avais besoin mais que je ne parvenais que rarement à faire. M’arrêter. Souffler. Ecouter le vent. Lire. Et dormir. Travailler plus encore peut être aussi. Mais sans m’en rendre compte. Regarder l’horizon sur la terrasse ou derrière la fenêtre du train qui avance. Et vider. Ma tête, mes relations, comme la maison. Pour libérer qui je suis. Mais elle. Le personnage d’Ottessa. Qui est-elle d’ailleurs ?
Après
Je ne connais même pas son prénom. Mais je connais tout d’elle. Ou presque. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu un grand roman d’introspection. 300 pages de sincérité et de puissance émotionnelle. Au milieu d’un nuage de somnifères. Souvent noir. Glauque. Et drôle à la fois. Tellement lucide et terriblement triste. Tout en lenteur et en douceur, j’ai suivi la narratrice dans sa violente reconstruction. Entre quatre murs. Et dans un New York qui semble déserté. Embué. Celui des années 2000. Avant les tours et les réseaux sociaux. Difficile de refermer ce livre et de la quitter au réveil. Mais l’année de repos et de détente est terminée. Et on va pouvoir avancer à présent.